La prévention au travail, Mallory Ballet, coordinatrice du pôle Maintien en Emploi au PST66, prend la parole

Maintien en emploi, santé au travail des salariés et des dirigeants, dispositifs de prévention déployés, le PST66 s’engage !

La réforme de la loi sur la santé au travail,  entrée en vigueur en avril dernier et séquencée par l’application des différents décrets, ambitionne de renforcer la prévention santé/sécurité au sein des organisations et de décloisonner la santé publique et la santé au travail. Objectif ? Prévenir davantage encore le risque de désinsertion professionnelle et améliorer de façon significative la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) des salariés et des dirigeants.
La prise en compte des risques psychosociaux qui impactent la santé et le bien-être des collaborateurs comme des dirigeants, avec des conséquences directes sur le bon fonctionnement des entreprises (turnover, absentéisme, …), est plus que jamais une priorité pour les organisations et l’ensemble des partenaires de prévention. Le PST66 poursuit son engagement dans la prévention des risques au travail et propose un dispositif complet visant à optimiser la prise en charge individuelle ou collective des salariés et des employeurs, via son Pôle Maintien en Emploi.
Garantir la « bonne santé » d’une entreprise, passe également par la prise en considération de celle des dirigeants. La prise en charge de la santé des dirigeants est ainsi également au cœur des nouveaux dispositifs de prévention mis en œuvre par le PST66 (Amarok, APPTIV)…
Dans cet article « Questions à… », un nouveau format que nous vous proposons désormais de retrouver chaque mois dans notre rubrique actualité, Mallory Ballet, coordinatrice du Pôle Maintien en Emploi au PST66, nous apporte des éclairages sur le sujet.

Mallory, quelles sont les différentes modalités en termes de prévention de la désinsertion professionnelle, proposées aux salariés suivis par le PST66 ?

Il est important de préciser avant tout que tous les salariés des entreprises adhérentes au PST66, en activité ou en arrêt de travail, présentant des problématiques de santé, peuvent bien entendu bénéficier d’un accompagnement auprès de notre Pôle Maintien en Emploi.
Ce pôle – que nous pouvons aussi appeler cellule de maintien en emploi –  a été créé en 2013 est parfaitement opérationnel au sein de notre service de santé au travail. Notre service de santé a été par ailleurs l’un des précurseurs dans l’organisation et les modalités d’intervention de la cellule. Le médecin du travail, l’employeur ou même le salarié lui-même, ont la possibilité de nous solliciter afin d’obtenir une aide sur des situations présentant un risque de désinsertion professionnelle à plus ou moins long terme.

Concrètement, comment se déroule cet accompagnement ?

Lorsque le signalement d’une problématique individuelle de maintien au poste parvient à notre pôle santé au travail, le salarié est contacté par l’une des assistantes de la cellule pour un 1er entretien. Entretien qui déclenche systématiquement une ouverture de dossier.

Lors de cette première rencontre – téléphonique ou en présentiel – le salarié découvre notre cellule, ainsi que l’ensemble des missions dédiées à la prévention de la désinsertion professionnelle. Avec son accord (pour bénéficier de nos services), un rendez-vous en présentiel est ensuite proposé avec l’un de nos conseillers, et ce, en fonction de la problématique rencontrée.
L’accompagnement initié par nos conseillers en orientation professionnelle ou notre psychologue du travail, permet d’aider le salarié à mieux identifier ses difficultés médicales et sociales, ses éventuels freins liés à l’emploi, mais aussi et c’est important, ses atouts, ses compétences et sa motivation. Et ce, dans l’objectif de favoriser un retour sur son poste, ou une possible reconversion professionnelle.
Notons que l’accompagnement peut être également pris en charge par notre assistante sociale lorsque le salarié rencontre des difficultés médico-sociales. Telles notamment l’accès aux droits pour une demande de retraite, des informations et une aide aux démarches concernant une invalidité ou encore, tout autre aide sociale visant à encourager le retour à l’emploi (accès au logement, aides financières…). 

Lors de cet entretien diagnostic avec un de nos conseillers (conseiller d’orientation, psychologue du travail ou assistante sociale), le salarié signe un consentement libre, exprès et éclairé. Un plan de retour à l’emploi lui est alors proposé.

Maintien en emploi, en quoi cela consiste précisément ?

Au cours de l’accompagnement déployé par notre cellule, plusieurs entretiens avec nos conseillers sont organisés, jusqu’à ce qu’une solution appropriée et personnalisée soit mise en œuvre dans le parcours du salarié

Il peut ainsi s’agir notamment :

  • d’un aménagement du poste (technique, organisationnel tel que le temps de travail),
  • d’un reclassement interne (évolution des missions et compétences du salarié sur un autre poste), 
  • d’une reconversion externe via l’émergence de compétences (bilan de compétences),
  • d’un parcours de formation (remise à niveau, pré-qualifiante, qualifiante ou diplômante), 
  • d’un nouvel emploi au sein d’une autre entreprise,
  • ou enfin, d’ouvertures à des droits à une retraite, à une invalidité…

Pour ce faire, et selon les situations, nous travaillons également avec différents partenaires, tels que la Carsat (service social de la Sécurité Sociale), le Cap Emploi, le Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale…

Quels résultats en termes de maintien en emploi ?

C’est un fait, notre cellule prend en charge de plus en plus de situations dans lesquelles les salariés souffrent de problèmes de santé physiques ou bien psychiques (burn out, dépression etc.) L’objectif est bien évidemment d’amener le salarié à retrouver une vie professionnelle adaptée à son état de santé.
Comment ? En l’aidant à connaître et à s’approprier les dispositifs qui vont lui permettre d’optimiser son maintien en emploi. Dans cette perspective, nous parvenons à redonner du sens au travail et à apporter du positif au cœur de situations difficiles, du rythme et un certain dynamisme à des parcours en suspens. La notion de « projet professionnel » y occupe une place centrale. La majorité des salariés qui transite par notre cellule est satisfaite de cet accompagnement… Les salariés pris en charge se sentent écoutés, orientés et soutenus par une équipe de professionnels.

Si l’on doit avancer quelques chiffres, je dirais que depuis 2014 :

  • plus de 30 % des salariés accompagnés ont pu se maintenir dans leur entreprise,
  • près de 27 % ont bénéficié d’un conseil ou d’un suivi spécialisé, afin de définir ou valider un projet professionnel,
  • que 16 % ont bénéficié d’un accès à des droits sociaux (retraite, invalidité…), 
  • et enfin que 15 % ont concrétisé un reclassement externe au cours de l’accompagnement par la cellule (formation, nouvel emploi). 

Des résultats estimés satisfaisants, car certaines situations sont encore orientées tardivement vers notre Service de Prévention et de Santé au Travail. En effet, la reconversion professionnelle demande du temps, une donnée dont le salarié ne dispose plus forcément lorsque l’inaptitude médicale s’impose, et que notre pôle n’a pas été mobilisé précocement.

Quel accompagnement pour les dirigeants d’entreprise ?

Nous avons mis en place un dispositif e-santé porté par l’Observatoire AMAROK à destination des chefs d’entreprise. Tous les 3 à 4 mois environ, notre service communication envoie un e-mailing détaillant l’action aux employeurs, avec le lien AMAROK e-santé sur lequel le dirigeant peut procéder à son évaluation.

Comment utiliser le dispositif e-santé AMAROK ?

C’est un dispositif agile et souple, le dirigeant peut ainsi à tout moment et quand il le désire, se connecter sur l’espace e-santé proposé par notre service

  • La première étape de ce dispositif e-santé lui permet d’évaluer son état de stress. Pour ce faire, il doit simplement sélectionner parmi plusieurs propositions et via un « satisfactomètre » des événements positifs de la vie professionnelle scorés. Un « stressomètre » lui permet d’opérer une même sélection, mais cette fois-ci avec des événements négatifs de sa vie professionnelle scorés.
    Résultat ? La balance du score globale de l’état de stress peut alors être soit positive, soit négative.
  • La seconde étape invite le dirigeant à répondre à un questionnaire d’évaluation du ressenti plus abouti, et ce, uniquement si lors de la 1ère étape, la balance de l’état de stress s’est avérée négative. Il lui est alors proposé de saisir et de valider un test de dépistage du « burnout ».  En cas de score considéré comme inquiétant, un formulaire de contact à compléter est alors soumis au dirigeant. 

C’est donc par le biais de ce formulaire de contact – et avec l’accord du dirigeant –  que le service de prévention et de santé au travail peut ensuite proposer un premier accueil au dirigeant, en général dans les 24h.

Le dirigeant bénéficie-t-il d’une visite médicale dans ce dispositif e-santé ?

Oui ! C’est à l’occasion de cet entretien de 1er accueil (en présentiel ou par téléphone), en fonction des disponibilités du dirigeant, que les problématiques et difficultés rencontrées par le dirigeant sont évoquées. Un guide d’aide et de soutien entrepreneurial au dirigeant lui est alors transmis et une visite médicale auprès du médecin du travail de l’entreprise est proposée.
Généralement les employeurs sont assez surpris de la possibilité de cette prise en charge par notre service. Ils pensent encore, à tort, que la santé au travail ne les concerne pas. De plus, ils ont peu l’habitude de se voir proposer une aide, ou même une écoute.
Et pourtant, les dirigeants d’entreprise (et surtout des TPE-PME), sont confrontés, tout autant que les salariés, à un certain nombre de facteurs de risques.
D’ailleurs, selon une étude européenne sur les conditions de travail, les dirigeants de petites entreprises ressentiraient de très hauts niveaux de stress et de fatigue. N’oublions pas que l’exposition prolongée à un niveau de stress important peut conduire au développement du « burn out », notamment chez les travailleurs non-salariés, et de ce fait, avoir un impact sur l’entreprise.

Quels autres dispositifs sont déployés pour les employeurs ?

APPTIV ! Nous proposons également aux employeurs l’outil numérique APPTIV, un dispositif digital innovant qui leur permet d’avoir une vision globale des risques auxquels les salariés de l’entreprise peuvent être exposés. Tels notamment le risque de désinsertion professionnelle souvent méconnu.
Grâce à un diagnostic des risques auprès de l’employeur, mais aussi auprès des salariés de l’entreprise, le dirigeant peut avoir une vision plus claire et précise de la santé de l’ensemble  des travailleurs et de son entreprise, et donc de ses besoins. 

Certaines recommandations et actions peuvent ensuite être proposées et déployées, comme :

  •  des fiches pratiques d’information par thématique, 
  • des actions collectives d’information ou de sensibilisation (village de prévention par risque, ateliers conseils spécifiques…) 

Et ce, afin d’aider le chef d’entreprise et ses salariés à faire face aux risques avérés ou émergents qui ont été détectés.
Dans le cadre de la prévention de la désinsertion professionnelle, des actions de sensibilisation peuvent être mises en œuvre dans l’entreprise. Par exemple sur le handicap au travail, la formation professionnelle et les mesures de financements, les dispositifs du maintien en emploi…

Avec la réforme à venir, une prise en charge supplémentaire est-elle induite ?

La nouvelle réforme des services de prévention et de santé au travail met un accent particulier sur :

  • l’évaluation et la prévention des risques professionnels en entreprise
  • le renforcement du suivi individuel médical – notamment avec la mise en place des visites médicales de mi-carrière, de fin de carrière… etc. 

La prévention de la désinsertion professionnelle fait également partie des axes privilégiés par cette réforme.
En fait, la mission « prévention de la désinsertion professionnelle et maintien dans l’emploi », se transforme en une offre socle des services de prévention et de santé au travail.
Une offre à la fois homogène et obligatoire pour tout service qui doit, de fait, disposer d’une cellule opérationnelle afin d’anticiper et d’accompagner les cas individuels susceptibles de sortir de l’emploi.
Dans cet objectif, notre Pôle Maintien en emploi, actif pour rappel depuis 2013, prend tout son sens et sa légitimité.

Quid des travailleurs indépendants et des chefs d’entreprise au cœur de cette réforme ?

La loi du 2 août prévoit de définir une offre dédiée spécifiquement aux travailleurs indépendants souhaitant s’affilier au service de prévention et de santé de leur choix, en matière de prévention des risques professionnels, de suivi individuel et de prévention de la désinsertion professionnelle.
Pour ce qui concerne les employeurs non-salariés dont l’entreprise est déjà adhérente à un service de prévention et de santé au travail, ils pourront quant à eux bénéficier de l’offre de services proposée aux salariés.
La santé au travail est en constante évolution… Elle tend vers un décloisonnement pour une prise en charge cohérente et égalitaire des travailleurs.
Nous sommes incontestablement sur la bonne voie… Même si au PST66 nous avons déjà su anticiper ces changements depuis bien longtemps déjà !